Page:Barbey d’Aurevilly - Premier Memorandum, 1900.djvu/75

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Levé vers midi. — habillé. — joué avec les chats et les ai observés jouer. — commencé une lettre. — dîné, — assez bien. — pris du vin de Malaga et du kirsch-wasser. — sorti dix minutes dans le jardin. — les objets extérieurs, mais surtout une pierre et un poirier qui n'ont pas changé depuis mon enfance, m'ont rappelé les jours passés. — je m'étonnais de n'être pas ému de souvenirs qui auraient ému un autre que moi. Je ne l'ai été en remontant ainsi la chaîne de mes jours qu'en arrivant à l'époque de mon amour pour... mais aussi ç'a été la vie pour moi et une affreuse, délicieuse et profonde vie, profonde comme les mers ! — elle m'a fait homme. — tordre le cœur épuise les larmes de l'enfant. — les meilleures épées (celles qui flamboient aux mains des archanges) sont tordues. Il en est ainsi de nos âmes. Quoi que je devienne maintenant, je porterai les marques de cette vie passée. à moins de m'anéantir, Dieu lui-même ne pourrait pas l'effacer.

Donné des manchettes à blanchir. — reçu une visite de Saint-Q. — ennuyé doublement par moi et par les autres. — monté chez moi. — rêvassé.

-plein de pensées qui cherchaient à déborder et que j'ai retenues, mais douloureusement, comme on retient son haleine dans son sein. — ah ! Dès demain je balaierai mon esprit de ce limon du fond des eaux, en me jetant à