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Page:Barbey d’Aurevilly - Rhythmes oubliés, 1897.djvu/17

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NIOBÉ

I

Oui ! Vellini, tu as une rivale. Quand ce soir, revenus tous deux de la fête, tu t’es rejetée dans mes bras, mes yeux n’ont pas cherché ton regard et ma bouche a trompé la tienne. Tu étais sur mon cœur et je t’oubliais. Ma pensée t’était infidèle. Vaine d’amour, tu croyais sans doute que je contemplais cette chevelure aux mille serpents d’or, tordus sur le vermillon de tes joues, comme si, vivants, ils en avaient senti la flamme. Non ! ma Vellini, je rêvais au pâle camée de ton diadème ; à cette inerte figure de Niobé, mise, comme parure, sur un front jeune, et qui semblait fouler avec dédain, ma Vellini, ta jeunesse, ta beauté, l’Amour et la Vie.