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Page:Barbey d’Aurevilly - Rhythmes oubliés, 1897.djvu/29

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LES YEUX CAMÉLÉONS

À G.-S. Trebutien

I

C’était une de ces nuits comme nous en passons, vous et moi, — vous, là-bas, dans les quatre pieds revêtus de chêne, ainsi qu’un cercueil, de votre cellule solitaire, et moi, dans un endroit plus triste encore ; car la salle que j’habite, c’est mon cœur. — Celle que nous détestons tous deux, mais qui, Elle ! nous aime, la hanteuse de nos chevets, l’Insomnie, vint s’asseoir à côté de moi, et se mit à me regarder avec ses yeux si grands, si mornes et si pâles, — ses yeux si démesurément ouverts et qui, par un magnétisme implacable, dilatent les yeux qui les regardent et les empêchent de se fermer.