Page:Barbey d’Aurevilly - Rhythmes oubliés, 1897.djvu/30

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II

Et cette nuit-là, ces yeux ouverts semblaient plus grands aux miens et plus pâles au fond des ténèbres. Comment s’en détachaient-ils ? car ils n’y brillaient pas, ils n’y luisaient pas, — et cependant ils y étaient, apparaissant dans l’obscurité, comme le regard blanc d’une statue qui nous fait tout à coup tressaillir au détour d’une allée, à travers le bois, dans le crépuscule.

III

Et ils étaient si désespérés, ces pâles yeux, si désespérés et si fixes ; il y avait dans l’immanence de leur fixité quelque chose de si dévoré, de si consumé et pourtant de si inconsumable ; on sentait si bien que, malgré leur blafarde couleur de poussière, ils brûlaient plus fort par dedans, — dans une secrète agonie, — qu’on s’éton-