Page:Barbey d’Aurevilly - Rhythmes oubliés, 1897.djvu/47

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Les professeurs d’Université, qui faisaient leur roue de dindon, dans leur jupon noir, autour d’elle ; tous les cuistres de l’endroit, à qui elle aimait à démontrer genou à genou l’unité de substance, disaient que c’était une tête forte et, comme à la Papesse Jeanne de leur incrédulité, lui auraient baisé, en guise de mule, ses bottines bleues.

VI

Et ce n’était pas tout. Elle se croyait une Artiste ! Il est vrai qu’elle aimait les bateleurs et qu’elle avait pour les chanteurs d’opéra (plus ou moins comique) le goût obscène qu’avaient les Romaines pour les joueurs de flûte, dans le temps où cette jeune louve de Messaline avait remplacé au glorieux chenil du Capitole la louve décrépite de Romulus. Pourtant nous n’exagérons pas : ce n’était point une Messaline. Les goûts relevés et ardents des corruptions fortes étaient, dans son âme, trop affadis par le verbiage des prétentions à l’esprit et la vanité littéraire pour qu’elle pût mériter jamais l’immense outrage d’un pareil nom. Son pied, fait pour le chausson