Page:Barbey d’Aurevilly - Rhythmes oubliés, 1897.djvu/56

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voyais flotter un reflet de la jupe aux teintes incertaines, lorsque bientôt il se fonça, le clair breuvage, et, plus brûlant, passa de l’or pur au rouge éclatant dans le Sèvres diaphane, — rouge comme le sang d’un homme qui n’en est plus aux premières gouttes et qui verse le milieu de sa veine dans la blessure d’un second amour !

III

Mais ce fut à la troisième fois qu’il se fonça plus âprement encore, ruissela plus lentement dans le calice de porcelaine, — épais, noir et fumant comme le sang mortel de ce taureau qu’on fit boire, dit-on, pour le tuer, au Roi Cambyse. Alors, plus d’or ! plus de lumière ! plus de vermillon ! mais la pourpre sombre, profonde et amère, — la veine vidée jusqu’au fond, toute la vie ! toute l’âme ! tout le cœur brûlé dans sa flamme la plus intense, — dans l’inextinguible brasier d’un dernier amour !