Page:Barbey d’Aurevilly - Rhythmes oubliés, 1897.djvu/62

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VI

Et repus de ce sang jeune et fort qu’ils avaient bu d’un coup, tachés de ce sang, devenus violets de bleus qu’ils étaient, dans cette pourpre, ils avaient ramené leurs longs cous, hideusement gracieux, vers le front livide du Grand-Prêtre, et de leur spirale lui avaient fait une épouvantable couronne, lui versant dans chaque tempe, ces messagers des Dieux, comme on verse le nectar aux hommes, tout ce qu’ils avaient de venin, de férocité et de morsure !

VII

Et la tête livide noircissait, et le venin toujours versé de ces reptiles divinement monstrueux était moins cruel pour ce père que le sang dégorgé de ses fils qui se mêlait au sien et qui empoisonnait mieux son agonie !