Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/103

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sur son beau visage n’était pas seulement une physionomie comme la nature en attache parfois au visage de ses créatures les plus calmes et les plus heureuses, mais une réalité cruelle qui la dévorait.

Il ne s’expliquait pas qu’une jeune personne, si récemment venue des villes, restât invisible au milieu du plus tentant des paysages. Aussi y avait-il des jours où, ne résistant plus à ses impatiences et ne craignant pas d’ailleurs d’être indiscret (en termes du monde) avec des gens comme ces Sombreval, il s’avançait effrontément jusqu’à la grille de la cour, ne fût-ce que pour apercevoir encore, derrière la fenêtre où se tenait cette forme blanche qui s’était comme évanouie dans les rayons vermillonnés du soir, cette tête prodigieuse de pâleur, sous sa bandelette écarlate. Mais les rideaux strictement baissés à toutes les fenêtres de ce château silencieux, symbole en pierre de l’isolement de ceux qui l’habitaient, ne laissaient jamais passer même une main, — une de ces deux mains dont l’image, depuis qu’il les avait senties sur son front, voltigeait incessamment devant ses yeux.

En tournant et vaguant autour du Quesnay, Néel trouvait parfois Jacques Herpin ou ses fils sur sa route. Il leur parlait de leurs nouveaux maîtres, — et il aimait tant Calixte