Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/104

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déjà, qu’il souffrait du ton qu’ils avaient, quand les Herpin en parlaient durement devant lui. Pour eux, en effet, elle avait le tort d’être l’enfant de Sombreval, et ils la confondaient avec son père dans la même imprécation.

Du reste, ils n’avaient aucun détail à donner sur cette inconnue, ensevelie dans ce château plus fermé alors qu’il ne l’avait été quand on ne l’habitait pas. Personne n’y pénétrait de la ferme. Les ouvriers de la ville voisine qui étaient venus ouvrir les caisses dont les formes avaient frappé ces imaginations primitives, et tendre les appartements, étaient repartis le soir même du jour où ils avaient fini leur besogne ; et, comme s’il avait voulu couper court à tout commérage entre eux et les fermiers, Sombreval les avait payés et avait barré, de ses propres mains, la grille de la cour derrière eux.

Les hommes ont tant besoin de se savoir les uns les autres, que la curiosité trompée des Herpin les aliénait peut-être plus de Sombreval que sa funeste renommée. « V’là la huitième année de notre bail qui commence, — disaient-ils, — mais il est bien à croire que nous ne le renouvellerons pas… » En parlant ainsi, les Herpin tâtaient, tout en subissant l’influence de Sombreval, l’opinion d’une contrée qui se contractait et se retirait d’autour des Sombreval, ainsi que maître Tizonnet l’avait pressenti au