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Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/262

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tés après ces longues heures d’intimité dont toute âme de jeune fille a besoin, et dont Calixte doit avoir plus besoin que personne dans la solitude où elle vit, je l’ai prise sur mes genoux, comme on y prend son enfant souffrante, et j’ai tourné et retourné dans mes deux mains ce cœur tranquille où je vous cherchais.

Rien n’y précipitait la vie ! J’y discernais bien quelque chose comme un frère. Je n’y voyais pas ce que j’y cherchais. Alors je lui parlais de vous comme il faut parler pour attirer l’imagination des jeunes filles. Je connaissais la sienne. Je savais quel Orient magnifique et charmant s’étendait d’une tempe à l’autre de ce front de vestale, où le feu sacré de l’intelligence menace, à certains moments, de dévorer les cloisons délicates dans lesquelles il est enfermé. Je touchais à ce clavier nerveux qui peut éclater dans le vide, mais qu’une émotion toute-puissante et douce, comme celle de l’amour heureux, pourrait raccorder.

La maladie de Calixte, monsieur de Néhou, cette souffrance qui la rend si pâle et la tient des jours entiers morte, — inanimée, — à l’état de cadavre, ou lui fait pousser ces cris aigus qui percent tout, murs et draperies, et s’entendent parfois au bout de l’étang du Quesnay, cette maladie sur laquelle les gens de ce pays ont débité des contes si absurdes, est une né-