Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/48

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Je ne l’ai pas trouvée, mais je la trouverai ! Voilà, à moi, mon diamant, ma pierre philosophale ! sauver cette enfant qui est mon Dieu et mon Paradis à la fois ! ma fille qu’ils ne me tueront pas ! que je ne veux pas qu’ils me tuent entre mes bras et sur mon cœur, avec leur épouvantable calomnie ! Ah ! j’aurais lutté pendant plus de dix-huit ans contre cette force mystérieuse de la destruction, et ce serait pour voir périr cette noble créature sous la boue du pied de ces brutes ! Non, monsieur le curé, cela est impossible ! Ils ne me la tueront pas ! Je suis plus sûr de cela que de mon creuset. L’amour est plus fort que la mort. Il sera plus fort que la haine !

— Et comment ferez-vous, monsieur, reprit l’abbé, pour faire tomber ce bruit immonde qui plane sur vous ; pour effacer de votre seuil l’effroyable inscription qu’y tracent chaque jour tant de mains lâches et invisibles : « Ici, c’est la maison du sacrilège et de l’inceste ! »

— Ce que je ferai ?… » dit lentement Sombreval.

Il se mit à marcher dans le laboratoire, les mains derrière le dos, la tête toujours basse :

— Mais vous, dit-il, que me conseilleriez-vous, vous qui, en ce moment, devez avoir la tête plus froide que la mienne ?

Et il s’arrêta, — le front haut, devant l’abbé,