Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/62

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de la vie. Vous ne m’aviez promis que de la vie, mais vous, avec votre fillette, vous faites toujours plus que vous n’aviez promis !

Elle lui avait tendu la main. Attiré par cette petite main toute-puissante, cet homme, ce père était venu tomber à genoux auprès du lit sur lequel elle était couchée, et cette fille était si faible devant laquelle ce père si fort tombait à genoux, comme s’il avait été l’enfant, que d’un contraste si touchant les larmes vinrent aux yeux de Néel !

Oh ! il partageait le bonheur de Calixte ! Il espérait que lui aussi pourrait être heureux ! Il espérait qu’elle n’aurait plus besoin de rester consacrée à Dieu pour obtenir la conversion de son père… Et cet éclair d’espérance s’attachait à son cerveau, comme le feu Saint-Elme au mât du vaisseau en détresse ; et, comme ce feu inextinguible, il allait y rester peut-être jusqu’à ce qu’il fût consumé !

Calixte avait cerclé, de son bras de lis, la grosse tête aux cheveux boulus de son père, et posait ses lèvres sur ce grand front où elle vivait, éternelle pensée ! Sombreval, trop ému pour parler, se concentrait sous cette étreinte et cette caresse ; mais quand il sentit le bras frais de sa fille s’ouvrir et couler sur sa large épaule où il s’arrêta :

— Chère couronne de ma vieillesse, tu m’ôtes