Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/63

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trop tôt mon diadème ! — lui dit-il avec la grâce de la tendresse, car il l’aimait tant qu’il trouvait pour lui parler la grâce d’un poète, ce rustaud de science et de génie, cet homme demeuré, malgré ses lumières, si profondément paysan !

— Oui, c’est le bonheur, mademoiselle, répéta l’abbé Méautis, ému comme Néel, mais d’une autre émotion. Il pensait, lui, à sa mère, accroupie et hagarde, contre son mur… sa mère, dont il ne sentirait jamais, autour de sa tête, le bras fiévreux et décharné ! — Oui, c’est le bonheur comme Dieu l’envoie quelquefois à ses justes. Mais de ce bonheur, de cette bénédiction suprême, monsieur votre père ne vous a dit que la moitié. Chère persévérante, vos prières ont été plus exaucées que vous ne croyiez. Dieu ne fait point petite mesure à ceux qu’il aime, et un homme comme monsieur Sombreval ne fait rien à demi non plus. Il a la logique de ses actes et l’héroïsme de ses résolutions. Aujourd’hui redevenu chrétien, il se souvient qu’il a été prêtre, et c’est prêtre qu’il veut aussi redevenir…

Et alors l’abbé Méautis raconta qu’il y avait une semaine, Sombreval et lui s’étaient vus au laboratoire, — et que là, Sombreval lui avait demandé le répit de huit jours, avant d’accomplir la résolution qu’il avait prise de