Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/81

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faire pénitence, et combien de temps ?… Qui peut le savoir ? Que vont-ils ordonner de moi ?… Mais vous, vous la reverrez demain… tous les jours…

— Tous les jours ! fit Néel avec un cri ; car Sombreval avait mis la main sur sa pensée…

— Voilà donc la blessure ! reprit Sombreval, je n’ai pas eu grand’peine à la trouver ! Je l’aime tant que je sais votre âme comme la sienne, à vous qui l’aimez ! Ô mon pauvre brave Néel, vous avez donc cru, parce que je m’en allais et parce que je la laissais seule au Quesnay, que vous n’y reviendriez plus comme quand il y avait son père ! Voilà le secret de la tristesse que je vous vois aussi sur le front. Mais faites comme si j’étais présent, mon cher Néel ! Allez au Quesnay ! C’est moi qui vous y autorise et qui vous le dis ! Et pourquoi n’y retourneriez-vous pas ? Qu’y a-t-il de changé entre vous et elle, parce que je pars ?… N’avez-vous pas à vous en faire aimer ? N’est-elle pas à vous, à ce prix, puisque vous n’avez pas peur d’épouser la fille d’un prêtre… qui aura failli, mais qui du moins se sera relevé ? Que je sois à Coutances ou au Quesnay, dans les combles du château, à travailler à ma chimie, n’est-elle pas toujours la même Calixte que j’ai laissée seule avec vous en sûreté, comme sous une égide, sous l’invisible auréole