Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/82

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de sa pureté que vous voyez, vous, puisque vous l’aimez ! Allez donc au Quesnay pour toutes ces raisons ! Je connais trop les passions et leur danger, même dans les cœurs généreux comme le vôtre, pour vous dire le mot bête des imprudents : « Je vous la confie ! » Mais je la connais, elle, et je sais qu’elle ne serait pas moins forte, quand son ange gardien serait remonté dans le ciel !

— Oh ! Monsieur, dit Néel, c’est elle qui serait le mien. Mais quand vous étiez, comme vous dites, à votre chimie, le monde pouvait vous croire avec nous, et maintenant…

— Ah ! le monde ! Eux ! interrompit Sombreval avec un âpre éclat de mépris dans la voix, en montrant, du bout de son fouet, le bourg de S…, dont les premières maisons apparaissaient au tournant du chemin. C’est à cause d’eux que vous hésitez à retourner au Quesnay ? C’est une noble pensée ; vous craignez de la compromettre… Mais, mon ami, on ne compromet pas la fille à Jean Gourgue, dit Sombreval, l’ancien prêtre ! Compromise ! Mais elle est née déshonorée ! Et vous ne savez pas à quel point le monde y a ajouté ! Vous ne savez pas l’infamie !

Il y a un horrible secret que je vous dirai quand nous serons sortis de cette bourgade où nous allons entrer tout à l’heure… Et c’est