Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/85

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que, vulnérable seulement dans sa fille et qui, après vingt ans de mépris public, légèrement porté, souffrait pour la première fois de l’opinion et de ses mensonges ; — je suis de l’avis de notre curé. Quand, dimanche prochain, du haut de la chaire de l’église de Néhou, il leur apprendra que vous avez quitté votre château du Quesnay pour aller vous jeter aux pieds de votre évêque et redevenir ce que vous étiez, il se fera un grand changement sous ce coup de tonnerre, car, véritablement, c’en sera un !

— Puissiez-vous dire vrai ! dit Sombreval, — et que le sacrifice de la quitter et de ne la revoir peut-être de ma vie, ne soit pas perdu ! Qu’il ait un sens et un effet, ce dur sacrifice…

— Ah ! déjà il en a un, interrompit Néel, et le plus grand de tous pour vous, monsieur. Elle est maintenant heureuse ! En faisant ce que vous faites aujourd’hui, vous lui avez donné la plus grande joie qu’elle pût jamais ressentir.

Sombreval tendit la main à Néel par-dessus la crinière de son cheval.

— Vous me faites du bien de me rappeler cela, jeune homme, — dit-il, — car dans cette douleur de la séparation d’aujourd’hui, je l’aurais peut-être oublié.

— Et puis, — reprit Néel plein d’une respectueuse pitié pour l’âme de ce père, dont il voulait diminuer la douleur en lui rappelant