Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/108

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avec la stupidité hagarde de l’étonnement…

— Oh ! dit madame de Ferjol, plus de silence ! plus de mensonge ! plus de comédie ! Ne fais pas l’étonnée ! ne fais pas la stupide ! ajouta la dure mère qui n’était plus une mère, mais un juge, et un juge prêt à devenir un bourreau.

— Mais, ma mère, — s’écria la pauvre enfant, insultée dans son innocence et dans toutes ses pudeurs, et qui, révoltée de tant de cruauté et d’injustice aveugle, éclata en sanglots d’angoisse et de colère, — que voulez-vous que je vous dise ? qu’avez-vous contre moi ?… Je ne sais rien. Je ne comprends rien à ce que vous dites, sinon que c’est affreux, incompréhensible et affreux ! Vous me faites mourir. Vous me rendez folle, et vous semblez l’être autant que moi, ma pauvre mère, avec vos horribles paroles et votre front qui saigne…

— Laisse-le saigner ! — interrompit madame de Ferjol, qui l’essuya d’un revers violent de sa main. — S’il saigne, c’est pour toi, misérable fille ! Mais ne dis point que tu ne comprends pas. Tu mens ! Tu sais bien ce