Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/109

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que tu as, peut-être ! Les femmes savent toutes cela, quand cela est. Rien qu’en se regardant, elles le savent. Ab ! je ne m’étonne plus que tu n’aies pas voulu aller à confesse, l’autre soir…

— Oh ! ma mère ! dit Lasthénie exaspérée, et qui, pour le coup, comprit l’infâme accusation de sa mère. Vous savez bien que ce que vous dites est impossible. Je suis malade. Je souffre, mais mon mal ne peut pas être la chose horrible que vous pensez. Je ne connais que vous et Agathe. Je ne vous quitte jamais…

— Tu vas seule promener à la montagne, dit madame de Ferjol avec une atroce profondeur.

— Oh ! fit la jeune fille, dégradée par un tel soupçon. Vous me tuez, ma mère. Anges du ciel, prenez pitié de moi ! vous savez, vous, ce que je suis !

— N’invoque pas les anges, fille souillée ! tu les as fait fuir ! ils ne t’entendent plus ! — dit madame de Ferjol, incrédule, obstinément, aveuglément incrédule à cette innocence qui s’attestait avec une candeur si dé-