Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/121

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les défaillances et les larmes qu’elle disait « nerveuses » de sa fille, avait inventé une maladie à laquelle « le médecin de cette ignorante bourgade ne comprenait rien », et pour laquelle elle faisait soi-disant venir, par correspondance, des consultations de Paris. Il était plus facile, en effet, de soustraire Lasthénie à l’observation d’un médecin qui aurait tout vu au premier coup d’œil, que de l’éloigner de la superstitieuse Agathe…

D’ailleurs, était-il possible de lui cacher éternellement l’état de Lasthénie ?… Est-ce que cet état, effrayant déjà, ne déconcerterait pas les ruses de madame de Ferjol et ne devrait pas devenir d’une telle évidence, se marquer de symptômes tellement accusateurs, que même cette vieille innocente d’Agathe, dont la pureté frisait la myopie, ne finirait pas par voir un jour la vérité ?… Nécessité inévitable ! Madame de Ferjol y pensait bien. Elle sentait bien qu’il faudrait un jour ou dire tout à Agathe, ou supprimer Agathe… Supprimer Agathe, qui ne l’avait jamais quittée ! dont elle connaissait l’affection et le dévouement ! La renvoyer dans son pays ! Et ne pas