Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/153

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dame de Ferjol, qui n’avait plus que la pensée de sauver à tout prix l’honneur de sa fille, n’était pas plus ouverte aux impressions de ce pays que Lasthénie, devenue le berceau douloureux d’un enfant, venu comme ce squirre qu’elle avait longtemps espéré.

Hélas ! elles n’étaient plus ni l’une ni l’autre sensibles aux beautés extérieures de la nature. Toutes les deux étaient, dans tous les sens, dénaturées. Elles le sentaient, avec terreur. Elles s’aimaient encore, mais une haine, — une haine involontaire, — commençait à filtrer venimeusement en cet amour sans épanchement, qu’elles avaient refoulé dans leurs cœurs et qui s’y était aigri et corrompu, comme un poison corrompt une source. Madame de Ferjol et sa fille, dépravées par les sentiments dont elles étaient la proie, s’établirent dans le château d’Olonde, leur refuge, avec l’insouciance aveugle des êtres qui ne sont plus dans la vie physique. Pour elles, la vie physique, ce fut Agathe. Seule cette vieille fille, rajeunie et renouvelée par l’idée et la vue de