Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/173

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mais de ce qui n’en était pas un, dans la chambre où Lasthénie dormait encore. Quand celle-ci s’éveilla, dans cette hébétude de tout l’être qui suit les grandes douleurs de l’accouchement, elle ne demanda pas à revoir l’enfant mort qu’elle venait de mettre au monde. On eût dit qu’elle l’avait déjà oublié… Cela fit réfléchir madame de Ferjol qui ne lui en parla pas non plus, voulant savoir si elle, Lasthénie, en parlerait la première… Mais chose étrange et presque monstrueuse ! elle n’en parla pas, — et même, elle n’en parla jamais plus… Lui manquait-il, à cette suave Lasthénie, adorable quelques jours, ce sentiment de la maternité qui est la racine de toute femme, car les femmes, même violées, aiment leurs enfants morts et les pleurent ? Ni cette nuit, ni les jours suivants elle ne sortit de sa silencieuse apathie. Les larmes continuèrent à couler sur son visage, creusé par les larmes, mais rien de plus ne s’ajouta à ce qui les faisait couler depuis six mois…

Une fois relevée de sa couche, Lasthénie resta la même, au ventre près, que pendant