Page:Barbey d’Aurevilly - Une histoire sans nom, 1882.djvu/24

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avoir l’esprit et la gravité de son état, sans affectation et sans papelardise. Quand il eut rabattu sur ses épaules le capuchon avec lequel il était entré, il laissa voir un cou de proconsul romain et un crâne énorme, brillant comme une glace et cerclé d’une légère couronne, bronzée comme sa barbe et frisée comme elle.

Tout ce qu’il dit à ces deux femmes qui allaient l’héberger fut d’un homme qui avait l’habitude de ces hospitalités faites par les plus hautes compagnies à ces mendiants de Jésus-Christ qui n’étaient jamais déplacés dans quelque milieu que ce pût être, et que la religion mettait de pair avec les plus élevés de ce monde. Il ne fut cependant sympathique ni à l’une ni à l’autre de ces dames de Ferjol. Elles estimèrent qu’il manquait de la simplicité et de la rondeur qu’elles avaient rencontrées chez d’autres prédicateurs de Carême, logés chez elles, les années précédentes. Lui, il imposait et presque indisposait. Pourquoi ne se sentait-on pas à l’aise en sa présence ?… Il était impossible de s’en rendre compte ; mais il y avait dans le regard hardi de cet