Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 1.djvu/37

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messe dite, au bourg de S…, il travaillait comme un Mabillon, retiré dans la petite maison où il vivait avec son père. Il se communiquait fort peu et, pour cette raison, personne, alors ou depuis, ne put dire ce qui passait dans cette tête de grand travailleur, et ce qu’il serait plus tard devenu, s’il était resté là entre ses livres et son clos de Sombreval ; mais le Crime comme la Science a sa pomme d’Adam ou de Newton. Il est un grain de sable qui fait choir et rouler l’édifice le mieux équilibré d’une destinée.

En 1789, l’abbé Sombreval fut chargé par son évêque d’une mission secrète. Il partit pour Paris, et, le croira-t-on ? il n’en revint pas. Paris, ce gouffre de corruption, de science et d’athéisme, l’avait dévoré. Il s’était jeté tout vivant, comme Empédocle, dans le cratère qui allait vomir la Révolution française, et ses sandales de prêtre, on ne les retrouva même pas au bord du cratère, tiède et menaçant. Il n’écrivit pas à son père ; il oublia son évêque ; il garda enfin avec tous ceux qui le connaissaient un silence qui les fit trembler.

On sut, — comme on sait tout en province par les gens de province qui viennent à Paris, — que l’abbé Sombreval ne vivait plus que pour la science, et une science qui ne le conduirait pas en Sorbonne, car c’était la chimie dont il s’était affolé. Sa