Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/118

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Et qui, tout jeune encor, s’est crevé les deux yeux,
Afin d’avoir toujours à désirer les cieux !
Heureux seul le croyant, car il a l’âme pure ;
Il comprend sans effort la mystique nature,
Il a, sans la chercher, la parfaite beauté,
Et les trésors divins de la sérénité.
Puis il voit devant lui sa vie immense et pleine,
Comme un pieux soupir, s’écouler d’une haleine ;
Et, lorsque sur son front la mort pose ses doigts,
Les anges près de lui descendent à la fois,
Au sortir de sa bouche ils recueillent son âme ;
Et, croisant par-dessus leurs deux ailes de flamme,
L’emportent toute blanche au céleste séjour,
Comme un petit enfant qui meurt sitôt le jour.

« Heureux l’homme qui vit et qui meurt solitaire !
Enfant, tel est mon œuvre, et l’immense mystère
Que mon doigt monacal a tracé sur ce mur.
La forme en est sévère et le contour est dur ;
Mais j’ai fait de mon mieux, j’ai peint de cœur et d’âme