Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dont les a, tout enfants, revêtus le génie ;
La forme et des contours, voilà tous leurs appas.
Ô romains d’aujourd’hui ! Si l’art ne vous prend pas,
Du moins par piété respectez des victimes,
Souvenez-vous toujours des paroles sublimes
Que la lyre divine, en des temps de malheurs,
Envoyait courageuse aux saints dévastateurs.
Les temples, quels qu’ils soient, sont les âmes des villes ;
Sans eux, toute cité n’a que des pierres viles ;
Du foyer domestique et du corps des vieillards
Les monuments sacrés sont les derniers remparts ;
Et, lorsque sur la terre ils penchent en ruines,
Leurs ruines encor sont des choses divines,
Ce sont des prêtres saints que l’âge use toujours,
Mais qu’il faut honorer jusqu’à leurs derniers jours.

Hélas ! Tel est le train de ce monde où nous sommes,
Et l’art entre si peu dans la tête des hommes,
Que peut-être mes cris vainement écoutés
S’en iront sans échos par les vents emportés.