Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/145

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Qui va battant le sol de sa triste sandale ;
Des frères en chantant portent un blanc linceul,
Un enfant demi-nu les suit et marche seul ;
Des femmes en drap rouge et de brune figure
Descendent en filant les degrés de verdure ;
Les gueux déguenillés qui dormaient tous en tas
Se lèvent lentement pour prendre leur repas ;
L’ouvrier qui bêchait et roulait sa brouette
La quitte : le travail, les pelles, tout s’arrête ;
On n’entend plus au loin qu’un murmure léger,
Que le cri d’un ânon, le sifflet d’un berger,
Ou, derrière un fronton renversé sur la terre,
Quatre forts mendiants couchés avec mystère,
Qui, les cinq doigts tendus et le feu dans les yeux,
Disputent sourdement des baïoques entre eux.