Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/193

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La nef aux flancs salés qu’on nomme l’Angleterre.
         Ô sombre et lugubre vaisseau,
Je vais voir ce qu’il faut de peine et de misère
         Pour te faire flotter sur l’eau !

Je vais voir si les mers nouvelles où tu traînes
         La flottille des nations
Auront moins de vaincus, de victimes humaines,
         Ensevelis dans leurs sillons ;

Si le pauvre Lazare est toujours de ce monde,
         Et si, par ta voile emporté,
Toujours les maigres chiens lèchent la plaie immonde
         Qui saignait à son flanc voûté.

Ah ! Ma tâche est pénible et grande mon audace !
         Je ne suis qu’un être chétif,
Et peut-être bien fou, contre une telle masse
         D’aller heurter mon frêle esquif ;