Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/200

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L’été, sans l’émouvoir, passe comme l’hiver ;
Le sommeil, quand il vient, ne lui porte aucun rêve,
Son œil s’ouvre sans charme au soleil qui se lève ;
Il n’entend jamais l’heure, et vit seul dans le temps,
Comme un homme la nuit égaré dans les champs ;
Enfin, toujours muet, la salive à la bouche,
Incliné nuit et jour, il rampe sur sa couche ;
Car, le rayon divin dans le crâne obscurci,
L’homme ne soutient plus le poids de l’infini ;
Loin du ciel il s’abaisse et penche vers la terre :
La matière sans feu retourne à la matière.

Maintenant, écoutez cet autre en son taudis ;
Sur sa couche en désordre et quels bonds et quels cris !
Le silence jamais n’habite en sa muraille ;
La fièvre est toujours là le roulant sur la paille,
Et promenant, cruelle, un tison sur son flanc ;
Ses deux yeux retournés ne montrent que le blanc ;
Ses poings, ses dents serrés ont toute l’énergie
D’un ivrogne au sortir d’une sanglante orgie.