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Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/201

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S’il n’était pas aux fers, ah ! Malheur aux humains
Qui tomberaient alors sous ses robustes mains !
Malheur ! La force humaine est double en la démence
Laissez-la se ruer en un espace immense,
Libre, elle ébranlera les pierres des tombeaux,
Des plus hauts monuments les solides arceaux ;
Et ses bras musculeux et féconds en ruines
Soulèveraient un chêne et ses longues racines.
Mais, couché sur la terre, en éternels efforts
Le malheureux s’épuise, et devant ses yeux tors
Le mal, comme une roue aux effroyables jantes,
Agite de la pourpre et des lames brûlantes ;
Et la destruction, vautour au bec crochu,
Voltige, nuit et jour, sur son front blême et nu ;
Puis les longs hurlements, les courts éclats de rire,
Comme sillons de feu, traversent son délire.
Mais le pire du mal en ce vagissement,
Le comble de l’horreur n’est pas le grincement
Du délire chantant sa conquête sublime
Par le rude gosier de sa triste victime,