Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/205

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Une clameur sombre et plus rude encore
Que le hourra dont le peuple centaure,
Dans les transports de l’ivresse, autrefois
Épouvantait le fond de ses grands bois.

Dieu des cités ! à toi la vie humaine
Dans le repos et dans les jours de peine,
À toi les ports, les squares et les ponts,
Les noirs faubourgs et leurs détours profonds,
Le sol entier sous son manteau de brume !
Dans tes palais quand le nectar écume
Et brille aux yeux du peuple contristé,
Le Christ lui-même est un dieu moins fêté
Que tu ne l’es : — car pour toi tout se damne,
L’enfance rose et se sèche et se fane ;
Les frais vieillards souillent leurs cheveux blancs,
Les matelots désertent les haubans,
Et par le froid, le brouillard et la bise,
La femme vend jusques à sa chemise.