Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/207

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Pour le saisir et lutter avec lui,
Il faut un corps que le mal ait durci.
Vive le gin ! Au fond de la taverne,
Sombre hôtelière, à l’œil hagard et terne,
Démence, viens nous décrocher les pots,
Et toi, la mort, verse-nous à grands flots.

Hélas ! La mort est bientôt à l’ouvrage,
Et pour répondre à la clameur sauvage,
Son maigre bras frappe comme un taureau
Le peuple anglais au sortir du caveau.
Jamais typhus, jamais peste sur terre
Plus promptement n’abattit la misère ;
Jamais la fièvre, aux bonds durs et changeants,
Ne rongea mieux la chair des pauvres gens :
La peau devient jaune comme la pierre,
L’œil sans rayons s’enfuit sous la paupière,
Le front prend l’air de la stupidité,
Et les pieds seuls marchent comme en santé.
Pourtant, au coin de la première rue,