Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/228

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Conscience


 
Dieu du ciel, ô mon Dieu, par quels sombres chemins
Passent journellement des myriades d’humains ?
Combien de malheureux sous ses monceaux de pierre
Toute large cité dérobe à la lumière,
Que d’êtres gémissants cheminent vers la mort,
Le visage hâlé par l’âpre vent du sort ?
Ah ! Le nombre est immense, horrible, incalculable,
À vous faire jeter une plainte damnable ;
Mais ce qui vous rassure et vous surprend le plus,
C’est que dans ces troupeaux énormes de vaincus,
Dans ces millions de gueux voués à la souffrance,