Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/227

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Parce que doux viveurs, sans ennui, sans chagrins,
Vous respirez par trop la divine ambroisie
Que cette fleur répand sur vos brûlants chemins,
Ah ! Bienheureux enfants de l’Italie,
Tranquilles habitants des golfes aux flots bleus,
Beaux citoyens des monts, des champs voluptueux
Que le reste du monde envie ;
Laissez dire l’orgueil au fond de ses frimas !
Et bien que l’industrie, ouvrant de larges bras,
Épanche à flots dorés sur la face du monde
Les trésors infinis de son urne féconde,
Enfants dégénérés, oh ! Ne vous pressez pas
D’échanger les baisers de votre enchanteresse
Et les illusions qui naissent sous ses pas,
Contre les dons de cette autre déesse
Qui veut bien des humains soulager la détresse,
Mais qui, le plus souvent, ne leur accorde, hélas !
Qu’une existence rude et fertile en combats,
Où, pour faire à grand’peine un gain de quelques sommes
Le fer use le fer et l’homme use les hommes.