Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/247

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Le cœur déjà lassé d’orageuses amours,
J’ai vu la calomnie, en arrière et dans l’ombre,
S’asseoir à mon foyer comme une hôtesse sombre,
En disperser la cendre, et, d’un bras infernal,
Glisser de froids serpents dans le lit conjugal.
J’ai vu dans le rempart de ma gloire fameuse,
Au milieu des enfants de ma verve fougueuse,
Une main attacher à mon front l’écriteau
Qu’on met au front de ceux qui vivent sans cerveau.

« Et puis on ébranla le chêne en ses racines,
On sépara le tronc de ses branches divines,
Le père de la fille ; — on me prit mon enfant,
Comme si, la pressant sur mon sein étouffant,
Mes baisers corrupteurs et ma tendresse impure
Avaient pu ternir l’or de sa jeune nature ;
On enleva ma fille à mon cœur amoureux,
Et, pour mieux empêcher l’étreinte du lépreux,
On fit entre les bras de l’enfant et du père
Passer la mer immense avec son onde amère.