Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/251

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D’une robuste main, hardiment et sans feinte,
Tu mis en vils lambeaux la couverture sainte
Qui pèse sur le front de la grande Albion
Plus que son voile épais de brume et de charbon,
Le manteau qu’aujourd’hui de l’un à l’autre pôle
Le pâle genre humain va se coudre à l’épaule ;
Le drap sombre du cant est tombé sous tes coups.
De là tant de dédains, d’outrages, de courroux ;
De là ce châtiment et cette longue injure
Contre laquelle en vain ta grande ombre murmure,
Cette haine vivace et qui sur un tombeau
Semble toujours tenir allumé son flambeau ;
Comme si dans ce monde, imparfaits que nous sommes,
Les hommes sans pitié devaient juger les hommes,
Et comme si, grand dieu ! Le malheur éprouvé
N’était pas le flot saint par qui tout est lavé.

Ô chantre harmonieux des douleurs de notre âge !
Sombre amant de l’abîme au cantique sauvage,