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Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/273

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De la voûte céleste un pays sans beauté,
Et du soleil lui- même un orbe sans clarté ;
Hébête tous nos sens, et ferme leurs cinq portes
Aux désirs les plus vifs, aux ardeurs les plus fortes,
Dans l’arbre des amours jette un ver malfaisant,
Et sur la vigne en fleurs un rayon flétrissant,
Mieux que le vil poison, que l’opium en poudre,
Que l’acide qui tue aussi prompt que la foudre,
Que le blanc arsénic et tous les minéraux,
Ouvrages ténébreux des esprits infernaux
Fais circuler le mal sur le globe où nous sommes,
Jusqu’au dernier tissu ronge le cœur des hommes,
Et lorsque bien repu, vampire sensuel,
À tes lèvres sans feu le plus chétif mortel
Aura livré sa veine aride et languissante ;
Que la terre vaincue et toujours gémissante
Aux bras du suicide abandonne son corps,
Et, sombre coroner, que l’ange noir des morts
Rende enfin ce verdict sur le globe sans vie :
Ci-gît un monde mort pour cause de folie.