Au front de tout français, c’est la tache éternelle
Qui ne s’en va qu’avec la mort.
J’ai vu l’invasion, à l’ombre de nos marbres
Entasser ses lourds chariots ;
Je l’ai vue arracher l’écorce de nos arbres,
Pour la jeter à ses chevaux ;
J’ai vu l’homme du nord, à la lèvre farouche,
Jusqu’au sang nous meurtrir la chair :
Nous manger notre pain, et jusque dans la bouche
S’en venir respirer notre air ;
J’ai vu, jeunes français ! Ignobles libertines,
Nos femmes, belles d’impudeur,
Aux regards d’un cosaque étaler leurs poitrines,
Et s’enivrer de son odeur.
Eh bien ! Dans tous ces jours d’abaissement, de peine,
Pour tous ces outrages sans nom,
Je n’ai jamais chargé qu’un être de ma haine…
Sois maudit, ô Napoléon !
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