Aller au contenu

Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Brutalement et le front tout en nage,
Le corps frotté de suif et de saindoux,
Sur un sein vierge essuyé mon poil roux ;
Puis j’ai traîné sur mes pas l’incendie,
Et le géant hurlant matin et soir,
A nettoyé de sa langue hardie
Les vieux moellons inondés de sang noir.
Houra ! Houra ! J’ai courbé la rebelle,
J’ai largement lavé mon vieil affront,
J’ai vu des morts à hauteur de ma selle,
Houra ! J’ai mis les deux pieds sur son front.
Tout est fini, maintenant, et ma lame
Pend inutile à côté de mon flanc,
Tout a passé par le fer et la flamme,
Toute muraille a sa tache de sang :
Les chiens vaguant sur leurs maigres échines,
Dans les ruisseaux n’ont plus rien à lécher,
Tout est désert, l’herbe pousse aux ruines ;
Ô mort ! ô mort ! Je n’ai rien à faucher.