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Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/53

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II. LE CHOLÉRA-MORBUS.


Mère ! Il était un peuple plein de vie,
Un peuple ardent et fou de liberté…
Eh bien ! Soudain des champs de Moscovie
Je l’ai frappé de mon souffle empesté
Alors, alors, dans les plaines humides
Le fossoyeur a levé ses grands bras,
Et par milliers les cadavres livides
Comme de l’herbe ont encombré ses pas.
Mieux que la balle et les larges mitrailles,
Mieux que la flamme et l’implacable faim,
J’ai déchiré les mortelles entrailles,
J’ai souillé l’air et corrompu le pain ;
J’ai tout noirci de mon haleine errante,
De mon contact j’ai tout empoisonné,
Sur le téton de sa mère expirante