Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/69

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Sur la ville frivole et sans dévotion
Ont beau répandre encor de la religion ;
Les cierges allumés ont beau luire à l’église,
Et sur l’autel de pierre et sur la dalle grise
Le prêtre a beau frapper de son front pénitent :
Au culte des chrétiens on vit indifférent,
Mais non pas à l’ennui. Toute face tournée
Vers ce triste démon à la main décharnée
Craint toujours de sentir son fade embrassement,
Son baiser glacial ; et chacun lestement
De le fuir aussitôt, et de suivre à la trace
La moindre occasion qui traverse et qui passe,
Le tumulte en la rue, et le rire banal
De l’antique Saturne aux jours du carnaval.

Le carnaval ! Jadis cette courte folie
Etait de la misère avec un peu de lie,
Des malheureux payés, le long des boulevards,
Poussant des hurlements sous des masques blafards ;
Mais les gueux aujourd’hui ne sont plus seuls en scène :