Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/70

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Les beaux noms du pays descendent dans l’arène,
Et, le gosier bardé des plus sales propos,
Des porteurs de la halle ils se font les échos.
Puis viennent après eux les hommes de pensée ;
Et tous ces curieux de la joie insensée,
Le soir, vont au théâtre, et, sans chaleur, sans rût,
Apprennent là du peuple à danser le chahut.
Quelle danse et quel nom ! D’abord c’est une lutte :
Les accents du clairon, les soupirs de la flûte,
Les violons aigus et les tambours ronflants,
Irritent tous les corps, agitent tous les flancs ;
Puis, le signal donné, les haleines fumeuses
Versent de tous côtés des paroles vineuses.
Bientôt le masque tombe, ainsi que la pudeur ;
La femme ne craint pas de tendre avec ardeur
Au vin de la débauche une lèvre altérée,
Et là nulle ne fait la longue et la sucrée.
L’homme attaque la femme, et la femme répond.
La joue en feux, les yeux luisant à chaque bond,
Et la jambe en avant, elle court sur les planches ;