Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle arrive sur l’homme en remuant des hanches ;
Et l’homme, l’animant du geste et de la voix,
Par ses beaux tordions la met toute aux abois,
Comme un triton fougueux prend une nymphe impure,
Il la saisit au corps, et, forçant la nature,
Simule à tous les yeux ce que les animaux
N’ont jamais inventé dans leurs plaisirs brutaux.
Horreur ! Cette luxure est partout applaudie,
Et l’imitation court comme l’incendie.
Puis la salle chancelle, et d’un élan soudain
Le bal entier se lève, une main dans la main ;
Les corps joignent les corps ; comme un torrent qui roule
Sur le plancher criant s’éparpille la foule.
Alors une poussière immonde, en longs anneaux,
Enveloppe la salle et ternit les flambeaux ;
Le plafond tourne aux yeux ainsi que dans l’ivresse ;
La chair a tout vaincu, l’âme n’est plus maîtresse,
Et l’homme n’est plus froid en cet emportement,
Car c’est la mer qui gronde en son lit écumant,
C’est le vent qui tournoie en hurlantes rafales,