Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/73

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Ô filles d’Apollon ! Danseuses immortelles,
N’abaissez pas vos pieds sur nos planchers mesquins,
Où se ternirait l’or de vos beaux brodequins ;
Muses, restez aux cieux, car la plus grande peine
Qui pourrait affliger votre âme surhumaine
Serait de voir encore à ces débordements
Se mêler le flot pur de vos nobles amants ;
Oui, ce serait de voir, sans respect pour soi-même,
L’artiste profaner sa dignité suprême,
D’avance dépouiller ses œuvres de grandeur
En faisant de leur père un grotesque sauteur ;
L’artiste devenir le jouet du vulgaire,
Un singe baladant devant le populaire,
Lui, dont la grande voix et les chants rebutés
Percent si rarement l’air pesant des cités,
Pour lequel notre temps est un siècle pénible,
Et pour qui l’avenir semble encor plus horrible !