Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La mort a rencontré sur terre un amoureux,
Un être qui l’adore, un amant vigoureux
Qui la serre en ses bras d’une étreinte profane,
L’assoit sur ses genoux comme une courtisane,
L’entraîne avec ivresse à sa table, à son lit,
Et comme un vieux satyre avec elle s’unit !
Hideux accouplement ! Aussi de préférence
A tout autre pays la mort aime la France,
Et depuis cinquante ans devant ses yeux ont tort
Les barbares excès des peuplades du nord.
Que lui font les baisers de la vieille Angleterre ?
Il est vrai qu’elle sait auprès d’un pot de bière
Tranquillement s’ouvrir une veine du front,
Ou se faire sauter la tête avec du plomb ;
Mais la France vaut mieux et lui plaît davantage.
C’est là qu’au suicide, au duel on s’encourage ;
C’est là, malgré Gilbert et son vers immortel,
Que l’on court voir encor mourir un criminel ;
Là que la politique aux sanglantes chimères
Vient sans peur essayer ses formes éphémères ;