Page:Barbier - Iambes et Poèmes, 1841.djvu/77

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De faire tôt ou tard le saut dans les ténèbres,
D’avoir trois pieds de terre après soi sur le flanc ?
Ne doit-on pas mourir ? — s’il faut que notre sang
S’épanche, il est toujours des cas en cette vie
Où l’on peut le verser avec quelque énergie :
Alors que l’étranger, tout cuirassé de fer,
Passe à travers nos champs comme un dieu de l’enfer,
Foulant d’un pied sanglant l’herbe de nos campagnes,
Et chargeant sur son dos les fils de nos compagnes ;
Quand le bouclier d’or qui doit tous nous couvrir,
L’honneur de notre nom est près de se ternir ;
Ou bien lorsque la loi, violée et maudite,
Répand des flots de pleurs par la ville interdite.
Ah ! Voilà le moment ! Et le sang qui se perd
A toute la cité du moins profite et sert.
Mais tel n’est pas le train ordinaire des choses ;
Ce n’est point pour le juste et pour de belles causes
Que la mort violente aime à faire ses coups :
C’est pour de vils hochets, des rêves d’hommes soûls,
Une vaine piqûre, une raison folâtre,