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LE RIRE.

 
Nous avons tout perdu, tout, jusqu’à ce gros rire
Gonflé de gaîté franche et de bonne satire,
Ce rire d’autrefois, ce rire des aïeux
Qui jaillissait du cœur comme un flot de vin vieux
Le rire sans envie et sans haine profonde,
Pour n’y plus revenir est parti de ce monde.
Quel compère joyeux que le rire autrefois !
Maintenant il est triste, il chante à demi-voix,
Il incline la tête et se pince la lèvre ;
Chaque pli de sa bouche est creusé par la fièvre :
Adieu le vin, l’amour, et les folles chansons !