Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/139

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ans cervelle.
Il est sûr, monseigneur,
que tous ces gens n’ont pas un grain de votre
esprit.

Vous êtes le premier capitaine du temps,
mais ils ont devers eux ce que vous n’avez pas,
des soldats, de l’argent, et si mince que soit
le talent, quand il a de nombreux bataillons
on voit Dieu bien souvent passer de son côté.

César.
Des nombreux bataillons je connais la valeur,
mais je fais cas surtout de la main qui les mène.

Macchiavelli.
Je pense comme vous... pourtant ce qui m’afflige
c’est de vous voir si pauvre en deniers et soldats,
de voir vos officiers errants ou prisonniers.

César.
Je crois que vous voyez les choses trop en noir.
Le lion vit toujours, -ses griffes recroîtront.

Macchiavelli.
J’espère, toutefois en attendant la pousse...

César.
Le lion se fera renard, ser Nicolo.

Macchiavelli.
à ce compte, seigneur, je n’ai plus peur de rien.
Vous possédez à fond l’art de la politique ;
vous êtes digne enfin de vaincre.