Et dis : « Pauvre cher homme, ah ! Quel malheur insigne ! C’était trop d’amitié, je n’en étais pas digne. Pour le voir vivre encor je donnerais vraiment Le bénéfice entier d’un pareil testament ! » Ces pleurs et ces regrets sont des ruses habiles ; Marques d’un cœur sensible, ils te seront utiles Pour adoucir un peu les esprits ulcérés Des malheureux parents par tes piéges frustrés.
Bertrand. Mais crois-tu que ces gens s’éloignent sans rancune Et me laissent en paix jouir de leur fortune ? Au contraire, je crains qu’aux assises bientôt Je ne sois par leurs cris envoyé comme un sot…
Macaire. Rassure-toi, Bertrand, dors là-dessus tranquille ; Ce serait tout au plus une affaire civile. D’ailleurs, si l’héritage est gros, tu trouveras Assez de défenseurs pour sortir d’embarras. Vis donc en paix, mon brave, et voyant ce qu’on gagne À ce joli métier, commence ta campagne.
Aux trousses des vieillards lance-toi sans délai. Bonne chasse ! Pour moi je porte mon filet Ailleurs, je me suis trop arrêté dans ma course. Adieu donc, cher Bertrand ! On m’attend à la bourse… Dieu des juifs, guide-moi dans ce divin enfer ! Je vais agioter sur les chemins de fer.</poem>
Publié en 1846