Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/222

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lables,
Tant qu’il aura les sens aisément excitables
Au tableau croustilleux des voluptés, enfin
Tant que l’homme sera méchant et libertin,
Je serai craint, flatté comme un roi de la terre
Et mieux qu’un front mitré j’y ferai bonne chère.

Titien.
C’est fort possible, vu l’humaine lâcheté ;
Mais grâce aussi, seigneur, à cette iniquité,
Dès l’instant qu’Atropos vous aura mis en poudre
Et fait tomber du doigt votre terrible foudre,
Les choses reprendront leur place, et nos neveux
Pourraient bien ne garder de vous qu’un nom fâcheux,
Celui d’un...

Arétin.
               Achevez, dites le mot, compère ?
Celui d’un impudent, d’un bandit littéraire
Vous détroussant le monde une plume à la main
Comme un reître embusqué sur le bord du chemin !
Je sais ce que de moi le prochain pourra dire,
Mais j’en ris et m’en moque... assez peu je soupire
Après les vains honneurs de l’immortalité,
Ignorant si Dieu même est en réalité.
Le présent seul, au pied léger comme la femme
Et comme elle amusant, est le but qui m’enflamme.
Ainsi quand le rideau sur moi sera tiré,
Que le ver sépulcral m’aura tout dévoré,
Qu’importe à mon égard la sotte comédie
Que sur le méchant bois des tréteaux de la vie
Joueront de vertueux baladins ! L’on fera
De mon corps, de mon nom, tout ce que l’on voudra.
On pourra tout salir, le sac et l’étiquette.
L’un aura toujours eu la panse rondelette
Le temps qu’il fut debout, et l’autre au