Page:Barbier - Satires et Chants, 1869.djvu/280

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La Mère.
Mais il est, cher ami, presque sexagénaire.

Le Père.
Tant mieux, c’est un motif pour qu’il ne soit pas fou
Et ne croque son bien jusques au dernier sou.

La Mère.
Monsieur Georges, ami, me plairait davantage ;
Il a trente ans au plus, barbe noire au visage ;
C’est un joli valseur et des plus complaisants
À promener au bal les ennuis des mamans.
Il pourrait devenir receveur ou notaire.

Le Père.
Sans doute avec l’argent de son futur beau-père,
Car il exigerait une très-grosse dot.
Ma femme, ce n’est pas le mari qu’il nous faut.
D’ailleurs, réfléchissons ; est-il juste à notre âge
De faire de nos biens l’aventureux partage,
De nous mettre à la gêne, et pour nos chers enfants
De borner nos plaisirs ? Songeons à nos vieux ans.

C’est le premier parti, crois-le bien, qu’il faut prendre,
Et c’est Acaste donc qui sera notre gendre.
Sa fortune est solide, et le monde le tient,
Dans tous les sens du mot, pour un homme de bien.
Par lui nous assurons le sort de notre fille...
Sur ce, l’on a mandé l’innocente Camille.
Comme un mouton craintif, front bas, sein agité,
Elle vient. -mon enfant, ton sort est arrêté ;
Tu vas te marier. -mon père. -oui, ma belle,
Dans le monde aujourd’hui tu prends place réelle,
Tu comptes désormais ; ta bonne mère et moi